Découvrir les oiseaux du bassin d’Arcachon

Les oiseaux et le bassin d’Arcachon

Très largement connu pour ses paysages typiques. Le bassin l’est aussi pour ses plages et ses activités nautiques. Mais derrière cette façade largement médiatisée se cache un milieu naturel de grande qualité dont les oiseaux représentent l’une des composantes parmi les plus spectaculaires.

Le bassin d’Arcachon est une lagune de type semi fermée peu profonde, soumise à la marée, d’une superficie totale de 156 km². À marée haute, les terres émergées ne représentent qu’une petite surface (1 km2 pour l’île aux oiseaux, 0,2 km2 pour le banc d’Arguin). À marée basse, 115 km² de bancs de sable, de plages et de vasières sont découvertes et constituent l’estran.

À chaque marée montante, l’eau de l’océan Atlantique s’engouffre dans le goulet de 3 km situé entre la pointe du Cap Ferret, la dune du Pilat. Elle s’avance dans la baie par des chenaux principaux. L’amplitude des marées atteint ici 4,55 m en période de vives-eaux, 400 millions de m3 d’eau transitent alors par le goulet 2 fois par jour et le débit dépasse 30 000 m/s.

Les apports d’eau douce dans le bassin représentent néanmoins 1,3 milliards de m3 annuels, dont 60% sont issus de l’Eyre. Cette rivière qui draine le plateau Landais est à l’origine de la formation du bassin : il y a 6000 ans, coulait ici son ancien estuaire. Cet apport continental fait que la masse d’eau transitant par le goulet en marée descendante (jusant) est toujours plus importante que celle de la marée montante (le flot). Cette différence joue le rôle d’une chasse d’eau et empêche que le bassin ne se ferme et deviennent un lac.

À marée basse, l’eau se maintient dans les chenaux principaux. Sur une surface de 4000 hectares environ, un secteur fréquenté par les oiseaux se nourrissant en plongée ou en vol. Plus des 2/3 du bassin sont alors exondées et dévoilent des bancs de sable, des plages ou des crassats, qui sont occupées par les oiseaux s’alimentant à pied. Sur 8500 hectares de ces crassats pousse un herbier de Zostères Naines, une petite plante marine aussi essentielle au bassin sur le plan économique (pêche côtière, ostréiculture…) qu’écologique.

Les oiseaux et le bassin d’Arcachon, une histoire de géographie

Le bassin d’Arcachon est situé au cœur de l’East Atlantic Flyway, l’un des huit couloirs de migration des oiseaux les plus importants sur la planète. Dans cette véritable “autoroute migratoires“ passent à l’automne des centaines de millions d’oiseaux qui descendent des terres nordiques pour gagner l’Afrique. Ils arrivent du Grand nord canadien à l’Ouest, d’Islande, de Scandinavie et de la Sibérie arctique à l’Est. Au printemps suivant, ils effectueront pour la plupart le chemin en sens inverse, mais parfois en utilisant une autre route.

C’est ce qui va conduire nombre d’entre eux à longer le littoral aquitain, globalement orienté dans le sens de leur déplacement. Vu d’oiseau, le bassin d’Arcachon représente alors une cassure dans la rectitude de cette côte, un accident géographique repérable de très loin. Il est aussi la seule zone humide littorale entre l’estuaire de la Gironde et le Pays basque. Cette situation amène une partie de ces oiseaux à utiliser le site comme une escale régulière au cours de leurs voyages cycliques. Ce territoire joue en quelque sorte le rôle d’un “porte avion“ sur lequel ils peuvent à la fois se reposer, se restaurer et stationner pour quelques heures ou le temps d’une saison.

Isolés entre l’océan Atlantique et la forêt des Landes de Gascogne, les milieux naturels du bassin d’Arcachon sont suffisamment diversifiés pour offrir aux oiseaux en escale une gamme de milieux complémentaires indispensables pour assurer leurs besoins vitaux “sites d’alimentation, de repos, de confort, de reproduction…“ Pour beaucoup cet ensemble constitue une unité fonctionnelle le temps de leur séjour, un territoire dont ils ne quitteront pas les limites géographiques.

L’herbier de zostère constitue le cœur de ce système. Autour de lui s’articulent les stratégies alimentaires de la majorité des espèces fréquentant les zones humides du bassin. Les oiseaux tirent profit de cette prairie maritime, soit en la consommant directement, soit en exploitant la microfaune qu’elle accueille dans les sédiments où elle se fixe. D’autres enfin capturent les animaux disséminés dans ses feuilles (crevettes, crabes, poissons). C’est en particulier le cas des échassiers et des cormorans. Cet herbier maritime étant la plus vaste d’Europe, il est l’élément fondamental de l’importance que revêt le bassin d’Arcachon pour les oiseaux migrateurs.

Milieu naturel

De l’Ouest à l’est du bassin, des milieux naturels très différents se succèdent où s’imbriquent sur à peine 20 km de distance. Tous sont utilisés par les oiseaux.

L’océan Atlantique

Il est à la fois un lieu de vie pour les espèces pélagiques (mouettes) et une zone d’alimentation pour d’autres qui se reposent dans le bassin. Le secteur des passes, aux eaux particulièrement agitées, est un endroit privilégié pour ceux qui traquent les poissons transitant cycliquement entre le bassin et la pleine mer (Puffin cendré, Fou de Bassan)

Le banc d’Arguin

Du fait de son statut d’île inhabitée, le banc d’Arguin héberge des oiseaux Nicheurs (Sterne Caugek, huîtrier Pie) très sensibles au dérangement des prédateurs terrestres. Bancs de sable et plages abritées découvrant à basse mer sont mis à profit par les migrateurs au long cours (Bécasseau, Maubèche, barge Rousse) et les chenaux profonds par les espèces maritimes (Arles huppé, Guillemot de troïl).

Les dunes et les plages

Elles accueillent des espèces spécialisées (Cochevis huppé, Gravelot à collier interrompu), elles servent d’escale temporaire à certains (Bécasseau, sanderling), et de reposoir régulier à d’autres (goéland brun).

Les prés salés d’Arès, de Gujan-Mestras, de l’île aux oiseaux

Ils ont une superficie limitée et ils ont en matière de patrimoine végétal, une réputation de niveau international. Ils accueillent aussi des passereaux remarquables comme la “Bergeronnette printanière“ où la “gorgebleue à miroir blanc“, et servent de reposoirs printaniers à nombre de Limicoles “Courlis Corlieu, grand gravelot“.

L’île aux oiseaux

Elle se trouve au milieu de la lagune, au cœur d’un réseau de crassats accessibles d’un seul coup d’aile. En dehors de la période de chasse, c’est un refuge naturel pour une grande partie de l’avifaune se nourrissant sur les vasières, qui passe là les heures durant lesquelles la mer recouvre leur zone d’alimentation. À la fin de l’hiver et au printemps, ses prés-salés accueillent des bandes de Courlis cendré, des Pluviers argentés, de Chevalier Gambette et bien d’autres espèces encore.

Les vasières à zostères

Elles sont largement occupées par la culture des huîtres et sont aussi le théâtre de rassemblements spectaculaires. C’est là que se trouve à marée basse « le restaurant des oiseaux » Ils sont des dizaines de milliers à le fréquenter tout au long de l’année, chaque espèce sélectionnant un menu adapté à son goût. La Bernache Cravant en est l’hôte le plus abondant, talonnée par des milliers de bécasseaux variables et d’autres limicoles. Les chenaux et estey qui circulent jusqu’au cœur de ces prairies marines attirent aussi les pêcheurs de crevettes “le grèbe à cou noir et l’aigrettes garzette“.

Ils ont été aménagés par l’homme au XVIIIe siècle dans les domaines endigués. L’élevage des poissons est aujourd’hui abandonné, ils constituent désormais des milieux protégés extrêmement originaux, offrant aux oiseaux de multiples possibilités pour s’alimenter, se reposer où se reproduire. C’est ici que cohabitent le plus grand nombre d’espèces, qu’elles soient liées au milieu lagunaire, marécageux où forestier (Goéland leucophée, héron Cendré, Milan noir).

Les marais d’eau douce et les prairies humides :

Les réservoirs à poissons

Ils occupent la partie amont du delta de l’Eyre et opèrent la transition entre les zones humides du bassin et la forêt des Landes de Gascogne.

Quelques oiseaux du bassin

Il y a plus de 400 espèces d’oiseaux observées sur le bassin d’Arcachon dont :

-Les sédentaires : ceux qui sont présents toute l’année, nicheurs dans la majorité des cas.

-Les migrateurs :  Ceux-là ne font que transiter par le bassin à l’automne et/ou au printemps. -Les hivernants : Ils sont présents en hiver ce sont des espèces appartenant généralement à des populations nordiques.

-Les nicheurs : ils se reproduisent dans ou aux abords immédiats du bassin d’Arcachon.

Parmi eux :

-La sterne caugek, élégante, naine, caspienne (Nicheur, migrateur, hivernant)

-La Bernache cravant (hivernant)

-L’oie cendrée (sédentaire, nicheur, migrateur)

-Le Grand Cormoran (sédentaire, nicheur, migrateur, hivernant)

-Le Cygne tuberculé (sédentaire, nicheur, migrateur, hivernant)

_La Cigogne blanche (sédentaire, nicheur, migrateur, hivernant)

-Le Héron cendré (sédentaire, nicheur, migrateur, hivernant)

-Le Guillemot de troïl (Migrateur, hivernant)

-La Bergeronnette printanière (Nicheur, migrateur)

-Le Martin pêcheur (Nicheur, migrateur, hivernant)

-Le Goéland à bec cerclé, Cendré, brun, Argenté, Leucophée et Marin (Nicheur, hivernant, migrateur)

-La mouette mélanocéphale et rieuse (nicheur, hivernant, migrateur)

-Le Bécasseau maubèche, sanderling, violet, variable (migrateur, hivernant)

-Le vanneau huppé (migrateur, hivernant)

-Le petit gravelot, le grand gravelot, le gravelot à collier interrompu (nicheur, migrateur, hivernant)

-La grue cendrée (migrateur)

-L’Huîtrier pie (sédentaire, nicheur, migrateur, hivernant)

-Le Milan noir (nicheur, migrateur)

-Le Balbuzard pêcheur (migrateur, hivernant)

-La Sarcelle d’hiver (sédentaire, nicheur, migrateur, hivernant)

-Le Fou de Bassan (migrateur, hivernant) ……..

Vocabulaire

-Crassat : Terme gascon désignant les vasières.

-Cailloc : Terme gascon, utilisé localement pour désigner toute la famille des Goélands.

-Colonie : Site regroupant les nids des oiseaux grégaires, en phase de nidation, il s’applique exclusivement à ce phénomène, et ne concerne pas les regroupements migratoires où hivernaux.

-Delta (de l’Eyre) : débouché de l’Eyre dans le bassin, celle-ci se sépare alors en plusieurs bras, à travers les sédiments accumulés par la mer ou la rivière, dans un secteur de très faible dénivelé.

-Estey : petitchenal par lequel l’eau des vasières s’écoule à marée descendante, il est connecté à un chenal.

-Herbier : secteur de vasières ou de fond de chenal colonisé par des plantes marines, la zostère marine où la zostère naine.

-limicole : Ancien nom donné au groupe des charadriiformes, qui est utilisé maintenant pour désigner l’ensemble des petits échassiers de rivage. Ce mot est composé à partir des racines latines limus (la boue, la vase) et Colare (habiter, fréquenter)

-Migration : mouvement saisonnier et régulier accompli entre deux régions distinctes par tout ou partie des individus d’une espèce d’oiseaux.

-Observatoire : cabane pour observer les oiseaux ou plus généralement point d’observation très utilisé par les ornithologues.

-prés-salés : formation végétale occupant le haut de l’estran composée de plantes adaptées à la submersion temporaire par des eaux salées. Cette zone n’est atteinte par la marée que lors des gros coefficients.

-vasière : synonyme de crassat, aussi appelé Slike.